Pouvez-vous nous parler d'Initiative ?
Le réseau initiative, c’est près de 216 associations en France, dont l’objectif est de venir, plus particulièrement, en aide aux créateurs et repreneurs de petites entreprises.
Toutes les associations ont la même promesse : celle d’accueillir toutes les personnes qui veulent créer une petite ou toute petite entreprise ; des commerçants, des artisans, des restaurateurs, mais aussi des auto-entrepreneurs. Ces associations fonctionnent autour d’une ossature de salariés, notamment des chargés de projet, mais également de bénévoles (près de 40 000 en France et entre 3 500 et 4 000 sur la région Sud).
Qui sont d’ailleurs ces bénévoles ?
Notre réseau de bénévoles est constitué de chefs d’entreprises de toutes tailles. Il peut s’agir également d’experts comptables, d’avocats, de banquiers… Ce sont des personnes qui ont l’habitude d’accompagner dans leur fonction, ou qui l’ont fait par le passé. Ils s’engagent, lorsqu’ils sont en activité, à ne pas avantager leur entreprise, leur banque ou leur cabinet.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Initiative Sud ?
Sur la région PACA, Initiative compte 18 associations. C’est une région très dynamique ! Nous avons une relation historique avec le bassin d’emploi ainsi qu’avec la région qui travaille beaucoup avec nous sur la densification de l'entrepreneuriat.
Comment fonctionne l’accompagnement d’Initiative ?
Une fois que le business plan de l’entrepreneur est finalisé, son dossier est présenté au comité d’agrément qui valide (ou pas) l’obtention d’un prêt d’honneur (à taux 0) et une période différée de remboursement. Ce prêt d’honneur est important pour l’entrepreneur car c’est une référence pour le secteur bancaire. Le taux de réussite des entreprises que nous accompagnons est d’environ 92 % (la moyenne en France est de 40 %). Les banquiers considèrent qu’une entreprise accompagnée par Initiative a de très grande chance de survivre à trois ans.
Nous allons, en outre, plus loin que ce seul accompagnement financier. Nos bénévoles viennent en appui de l’entrepreneur pendant 3 ans, pour un accompagnement métier, technique (financier par exemple) ou commercial. Nous les aidons à trouver leur chemin, car un entrepreneur est souvent isolé au cours des premières années de création. Il peut rencontrer un certain nombre de difficultés.
D’où proviennent les fonds que vous mettez à disposition des entrepreneurs ?
Nous gérons financièrement des fonds de prêts avec ou sans droit de reprise. Nos financeurs sont l’Europe avec les fonds européens FSE, les régions (pour la région PACA il s’agit de « ma petite entreprise »), les communautés d’agglomération et les communautés de communes ainsi qu’avec le soutien de nos adhérents, bénévoles et partenaires privés.
Viennent s’ajouter à ces fonds, l’adhésion des bénévoles, mais aussi des fonds privés qui proviennent souvent d’entrepreneurs accompagnés par le passé par nos associations et qui veulent soutenir, dans leur lieu de vie, de petites entreprises.
Comment évolue votre mission initiale d’accompagnement des créateurs d’entreprise ?
Nous avons intégré une dimension environnementale à l’étude des dossiers de demande de financement et avons désormais une mission sociétale. Les régions et l’Etat nous confient, ainsi, des missions de densification économique ou sociale. Nous intervenons par exemple dans certaines régions pour un retour à l’emploi des personnes au RSA via notre réseau d’employeurs ou en les appuyant dans la création de leur auto-entreprise.
Nous intervenons aussi dans les zones difficiles et dans les zones rurales, avec le parcours « ma boutique à l’essai ». Ce dernier consiste à proposer à des personnes qui souhaitent ouvrir un commerce de tester leur projet au sein d'une boutique pilote pendant plusieurs mois. Le futur commerçant bénéficie d'un loyer minoré et du soutien d'un réseau de partenaires locaux. Ce projet a pour objectif de redynamiser des centres-villes ruraux délaissés.
Nous sommes aussi partie prenante dans des programmes nationaux pour aider des jeunes à créer leur entreprise. Nous les accompagnons vers leur premier auto-emploi.
Quels sont vos enjeux à venir ?
Notre mission est de plus en plus importante pour les autorités publiques et encore plus depuis le quinquennat d’Emmanuel Macron, marqué par une volonté de développement des grandes entreprises, mais également une densification des plus petites. L’ensemble des forces politiques a pris conscience de notre professionnalisme, et de l’intérêt d’une structure comme la nôtre. Nous sommes un bras armé peu coûteux ; 80 % de notre travail est réalisé par des bénévoles.
Les jeunes générations ont, par ailleurs, une forte volonté d’entreprendre. Nous souhaitons participer à ce mouvement. L’enjeu, pour nous, est de professionnaliser nos bénévoles et nos salariés et d’accompagner le réseau à l’élargissement de nos missions.
Nous avons aussi un enjeu majeur d’organisation. Certaines de nos associations sont très structurées avec une trentaine de salariés et jusqu’à 300 bénévoles. Ces structures ont besoin, à la fois, d’un front office (pour accompagner l’entrepreneur) mais aussi d’un back office (pour les reportings juridiques et financiers) efficaces. Les sommes d’argent que nous traitons (les fonds de prêt mais aussi pour la vie de nos associations) sont de plus en plus importantes.
Ayant en charge des fonds publics, nous devons, en outre, mettre en place des process pour sécuriser notre façon de fonctionner. C’est la raison pour laquelle nous avons fait appel aux équipes Baker Tilly.
Pourquoi Baker Tilly, et en quoi consistait précisément cette mission ?
Nous travaillons, comme nombre d’entreprises et d’associations, avec un expert-comptable et un commissaire aux comptes. Cependant, il est assez rare de trouver des experts qui ont une double compétence association-entreprise et c’est le cas de Baker Tilly.
La mission, qui a été réalisée avec succès, consistait à établir, pour chaque association de notre réseau, le niveau d’organisation et la nature des process mis en place, ainsi que le niveau de risques. L’objectif était d’obtenir un état des lieux et un plan d’action pour chaque structure mais aussi pour l’ensemble du réseau Sud afin d’améliorer notre organisation et nos process.
Nous avons ainsi pu définir pour le réseau Sud mais aussi au niveau national un plan de progrès pour les trois ans à venir, avec une revue de qualité tous les ans et une sécurisation annuelle des process de chaque association. C’est un véritable outil prônant la transparence de nos activités auprès de nos financeurs. Cela leur garantit une politique d’aide sécurisée.
Jean-François Gonidec
- Président de la coordination du réseau Initiative Sud (paca)
- Président d'une des associations Initiative de la région Sud Alpes Provence
- Président du comité d'adhésion du réseau national
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