Valentin Castelli-Kerec
Consultant Innovation et Stratégie
valentin.castelli-kerec@bakertilly.fr
06 75 42 34 96
En 2024, l'écosystème des start-up françaises poursuit sa croissance, mais fait face à des défis financiers et à un environnement incertain concernant les aides publiques. L’IA émerge comme perspective de croissance, mais des obstacles demeurent pour en tirer pleinement parti.
En 2024, les start-up françaises ont créé plus de 17 000 emplois, marquant une progression depuis le début de l’année. L’Île-de-France reste en tête des régions les plus dynamiques (56 % des emplois créés), suivie par l'Auvergne-Rhône-Alpes et la Nouvelle-Aquitaine.
Les start-up industrielles, qui représentent 30 % des emplois générés par les start-up en France, rencontrent cependant des difficultés : 50 % d’entre elles disposent de moins de six mois de trésorerie et 60 % signalent des difficultés accrues à lever des fonds.
Le crédit d’impôt recherche (CIR) reste le dispositif préféré des entreprises innovantes, avec 57 % des start-up interrogées qui en bénéficient. Toutefois, les exigences accrues en matière de justification de l’éligibilité freinent certaines entreprises, notamment les PME. De même, le statut de jeune entreprise innovante (JEI) continue de faire ses preuves, avec 90 % des bénéficiaires rapportant un impact déterminant sur leur activité.
Hélas, le sort du CIR, du CII et du JEI reste en suspens en cette fin d’année, en l’absence de projet de loi de finances pour 2025.
La France dispose d’une gamme étendue de soutiens publics (subventions, aides remboursables, prêts à taux zéro), dont 66 % des start-up industrielles bénéficient. L’accès aux capitaux privés demeure, toutefois, limité, avec seulement 27 % des entreprises parvenant à s’appuyer sur des investisseurs institutionnels ou des business angels.
Les levées de fonds, quoique stables en apparence par rapport à 2023, masquent un ralentissement des tours de table inférieurs à 100 millions d’euros. Les fonds de capital-risque, eux-mêmes sous pression de leurs investisseurs, se concentrent davantage sur le refinancement de leur portefeuille existant, limitant leur capacité à soutenir de nouvelles initiatives.
L’IA représente une opportunité de développement pour la French Tech, mais les défis structurels actuels freinent son plein potentiel. Malgré la tenue d’un sommet mondial sur l’IA début 2025 en France, l’absence d’une gouvernance claire et d’investissements conséquents dans des infrastructures souveraines fragilise la capacité des start-up françaises à rivaliser sur la scène internationale. Dépendantes de technologies étrangères pour le cloud, les semi-conducteurs et les modèles d’IA avancés, elles risquent de perdre en compétitivité face à des concurrents mieux soutenus. Sans compter le cadre juridique européen plus contraignant que partout dans le monde, avec l’entrée en vigueur de l’IA ACT mi-2024.
Pour la French Tech, l’intégration massive de l’IA pourrait donc ouvrir de nouvelles perspectives de croissance, mais seulement si des moyens concrets sont déployés pour réduire la dépendance technologique et développer des solutions souveraines.
L’année 2024 démontre donc à la fois la résilience et les vulnérabilités de la French Tech. Si le secteur reste une source importante de création d’emplois et d’innovation, il fait face à des enjeux de financement, de souveraineté technologique et de stabilité fiscale qui pourraient compromettre son développement.
Un engagement plus concret des acteurs publics et privés serait donc bienvenu afin de renforcer les bases de cet écosystème.
Sources
Baromètre 2024 Start Industrie - Start-ups et scale-ups industrielles françaises : moral, perspectives et financements
Service(s) associé(s)