Laurent Le Gac
Associé - Responsable du secteur Santé
La décision récente de la CNAM de revoir à la baisse l’enveloppe budgétaire pour les examens de biologie médicale inquiète les professionnels du secteur. Cette baisse de la nomenclature, motivée par un besoin de réduction des coûts de la Sécurité sociale, a un impact direct sur leur modèle économique. Mais au-delà des chiffres, quels seront les effets concrets pour les laboratoires et leurs patients ?
L’objectif affiché de cette baisse de nomenclature est clair : maîtriser les dépenses de santé en limitant le coût des examens de routine. En diminuant les tarifs de remboursement de certains actes, l’État espère freiner l’augmentation des dépenses liées aux analyses médicales. Toutefois, cette mesure engendre une baisse de la rémunération des laboratoires, qui doivent absorber cette réduction tout en maintenant un niveau de qualité optimal.
Pour les biologistes libéraux, la baisse de la nomenclature ne se limite pas à une simple diminution des recettes. Elle impacte directement la valorisation des établissements, leur rentabilité et par extension, leur capacité à rembourser les crédits contractés pour financer l'achat de laboratoires et d'équipements.
Avec des marges de manœuvre financièrement réduites, certains laboratoires pourraient ainsi être contraints de revoir leur modèle économique. Cela pourrait se traduire par des mesures telles que la diminution des effectifs, la réduction de l’investissement dans des technologies d’analyses de pointe, voire la fermeture de certains sites en zones rurales, réduisant ainsi l’accès aux soins pour les patients.
De plus, l’acquisition de nouveaux équipements, pourtant nécessaires pour garantir des diagnostics rapides et précis, devient plus difficile dans ce contexte économique. Cette situation pourrait ralentir l’innovation et, in fine, la qualité de l’offre médicale sur l’ensemble du territoire.
La baisse de nomenclature ne se limite pas à des enjeux internes pour les laboratoires ; elle peut également affecter directement les patients. En cas de fermeture de sites ou de réduction de services, l’accessibilité aux analyses de routine pourrait être compromise, obligeant certains patients à parcourir de plus longues distances ou à supporter des délais d’attente plus importants.
Face à ces défis, de nombreux laboratoires appellent les pouvoirs publics à réévaluer cette baisse de nomenclature en tenant compte de l’importance de leur mission. Des discussions sont en cours entre les acteurs de la santé et les représentants de l’État pour envisager des solutions équilibrées qui permettraient aux laboratoires de maintenir un service de qualité sans compromettre la maîtrise des dépenses de santé.